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Interview de Florence Wells

Autrice du roman contemporain Je cueillerai la vie et je te l’offrirai

Bonjour Florence Wells et merci d’avoir accepté de nous parler de votre roman. Vous avez remporté la deuxième édition des Murmures Littéraires dans la catégorie « contemporain » avec votre roman Je cueillerai la vie et je te l’offrirai, un tableau dur mais plein d’espoir de la vie en banlieue.

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter votre histoire, en quelques mots ?

C’est l’histoire de cinq femmes, une histoire dure qui se passe en région parisienne dans des quartiers difficiles. Ces femmes qui ne se connaissent pas, ont des vies et des destins diamétralement opposés mais elles vont se croiser au fil du récit et influer les unes sur les autres. Elles sont unies par une envie de tendre la main, d’aider l’autre et d’avancer. C’est cette humanité qui bourdonne en chacun de nous que j’ai voulu faire passer à travers ce roman.

Anna, la principale héroïne, avance avec une seule idée en tête : faire sortir son fils, Gabriel, de l’enfer quotidien dans lequel ils vivent. A travers ses rencontres avec Alexandra, femme policière, Léa, infirmière, Martha, sans domicile fixe et Marie, assistante sociale, elle va peu à peu prendre le chemin de l’exil. Mais ce ne sera pas sans tristesse, ni sans douleurs.

C’est l’histoire de la vie dans ce qu’elle a à la fois de solaire et de difficile, une vie qui trouve un chemin d’espérance à travers les rencontres.

Comment avez-vous commencé à écrire ?

J’ai commencé à écrire pendant le confinement de mars 2020. Nous étions enfermés dans nos intérieurs et j’avais besoin de me changer les idées ; j’ai laissé mon imagination coucher sur le papier mes premières histoires. J’ai toujours aimé la lecture, inventer des personnages mais je n’avais jamais pris le temps de me poser pour écrire. Ce fut une révélation, l’écriture est rapidement devenue un réel besoin. Je m’enferme dans ma bulle pour mieux partager mes émotions à travers le récit de mes personnages. L’écriture a quelque chose de magique.

Vous avez choisi d’écrire un roman choral, où plusieurs personnages se croisent et influent sur l’existence des autres. Les liens entre eux sont plus ou moins affirmés, mais tous se recoupent finalement autour du personnage d’Anna. Pouvez-vous nous parler davantage d’Anna ? Est-ce le personnage auquel vous êtes le plus attachée ?

Anna est sans doute le personnage le plus fragile et le plus fort de cette histoire. Elle est violentée par son conjoint, elle subit les brimades quotidiennes sans sourciller et on a parfois envie de lui dire de se secouer mais Anna n’est pas dans une situation si facile. Elle a un fils, Gabriel, et elle fait tout ce qu’elle peut pour qu’il ait la vie la plus normale possible. Avant tout, Anna est une mère et ce rôle, elle le remplit parfaitement. C’est ce qui fait sa force ! Anna a envie de s’en sortir pour son fils. C’est autour de cette idée que le roman est conçu. Toutes les femmes qu’elle va croiser vont lui tendre la main et l’aider à écrire ce nouveau futur, parce qu’il est encore possible. A travers les difficultés traversées, il y a aussi l’évidence de l’espoir. Il y a toujours une solution à l’arrivée et Anna va l’apprendre à travers plusieurs rencontres déterminantes. Mais j’aime beaucoup Alexandra aussi, son côté ange gardien est essentiel. Ce n’est pas par hasard qu’elle est policière.

Quelle partie du roman avez-vous préféré écrire ?

Le premier chapitre, celui qui met dans l’ambiance de la banlieue dès le départ. Je l’ai écrit d’une seule traite. Presque en apnée, en me mettant à la place d’Anna. Il me semblait que sa vie était un passage sans respiration possible, qu’elle était comme étouffée, au bord de l’implosion. Je crois que c’est le cas de toutes les femmes violentées et c’est ce que j’ai essayé de faire passer. Vivre comme elle. Laisser passer l’orage. Essayer de survivre à une colère de plus de son conjoint. Subir et protéger son fils.

Pourquoi avoir choisi le cadre de la banlieue, justement ?

Parce que le cadre se prêtait à toutes les professions que je souhaitais mettre en avant et puis l’entraide et l’espoir y trouvaient une place essentielle.

Vous avez en effet placé l’espoir au cœur de votre roman. Cependant, vos personnages rencontrent des situations difficiles et vous abordez des thématiques comme le deuil, les violences conjugales, les difficultés de la banlieue, etc. Pourquoi avoir choisi ces thèmes ? Est-ce qu’un thème, parmi ceux de votre roman, vous tient particulièrement à cœur ?

En réalité je n’ai pas choisi les thèmes sauf celui des violences conjugales. Le reste est arrivé au fur et à mesure parce que ce sont des situations de la vie quotidienne. Qui n’a jamais été confronté au deuil, à la maladie, à la solitude ou au manque d’argent ? J’ai choisi des situations que chacun d’entre nous peut rencontrer. Ces femmes choisissent l’entraide comme solution aux problèmes. J’aime beaucoup Martha qui finalement est providentielle. Cette femme est Sans domicile Fixe et elle n’a presque rien. Et pourtant tout ce qu’elle a, elle le donne. On pourrait croire qu’elle n’a pas accès à la culture et que c’est secondaire pour elle, mais pourtant c’est elle qui dans le roman dévore les livres. On a parfois de fausses idées des autres. C’est ce que j’ai voulu mettre en avant dans son personnage en particulier : l’espoir peut venir de là où on l’attend le moins.

Quelles sont vos sources d’inspiration pour votre roman ?

D’un peu partout ! J’écoute beaucoup et j’enregistre des récits, des témoignages de personnes rencontrées. Et puis les idées s’additionnent dans un coin de ma tête. Il m’a fallu plusieurs mois avant que le personnage d’Anna ne surgisse avec son histoire alors seulement j’ai commencé à écrire. C’est le cas de tous mes écrits, ils sont imprégnés de situations rencontrées ou racontées et c’est la raison pour laquelle ils sont proches de nos quotidiens.

Vous écrivez non seulement de la littérature blanche, mais aussi de la littérature de l’imaginaire et du policier. Pourquoi cette diversité ? Quel genre préférez-vous ?

En fait je ne sais pas encore choisir. C’est vrai que j’ai essayé plusieurs styles. Je crois que le fil conducteur est que c’est toujours accroché au réel.

Vous allez publier votre roman aux éditions L’Alchimiste : pouvez-vous nous raconter votre expérience autour du travail éditorial ? Quelles sont vos appréhensions pour sa parution ?

D’abord il y a le coup de fil de l’éditeur. C’est sans doute le moment le plus important, celui où vous êtes choisie pour être éditée. Quand on est jeune romancier, le regard des autres sur les écrits (et notamment de ceux qui ne vous connaissent qu’à travers les textes) est essentiel.

Ensuite le travail éditorial a été très simple. Sur le texte, il n’y a eu que très peu de retouches par rapport à la version initiale. Je l’ai volontairement raccourci pour qu’il soit comme un uppercut. Le récit se veut d’une écriture directe et efficace. Il fallait que mes personnages agissent sans trop se poser de questions, dans l’action. Beaucoup de situations dans le livre exigent des réponses qui sont plus des réflexes que des scènes de réflexions. J’espère que c’est ce qui ressort.

J’ai peur d’être noyée dans le flot des presque 500 romans qui sortent pour la rentrée littéraire : le nombre de romans est vertigineux. J’espère que quelques graines semées sur le chemin fleuriront. J’ai hâte d’avoir les retours des premiers lecteurs évidemment. On écrit toujours pour les autres, pour le partage et la rencontre !

Pourquoi avez-vous décidé de participer à la deuxième édition des Murmures Littéraires ?

Le concours m’est apparu comme un bon moyen de confronter mon texte à des lecteurs enthousiastes et qui ne me connaissaient pas. Ce fut une expérience formidable ! Les fiches de lecture sont détaillées, les retours constructifs et la remise des prix : un moment incroyable. Ce concours m’a donné envie de me dépasser, de faire mieux, de continuer à écrire et m’a conforté dans l’idée d’envoyer le texte à des maisons d’édition. Le prix a aussi aidé à trouver un éditeur, j’en suis convaincue.

Un mot sur vos prochains projets d’écriture ?

J’ai un autre roman terminé qui me tient à cœur. C’est un récit plus politique mais à nouveau très contemporain. Il sera le prochain, j’espère, à trouver une place sur les étagères des librairies. J’attends le retour de Je cueillerai la vie et je te l’offrirai avant ! Je suis pressée et curieuse de rencontrer les lecteurs de ce premier roman. J’espère qu’ils prendront autant de plaisir à le lire que j’en ai eu à l’écrire !

Avez-vous des conseils d’écriture pour les jeunes écrivains ?

Je suis moi-même jeune écrivaine, compte tenu de mon peu d’expérience, je n’ai pas vraiment de conseils à donner … mais j’aurai un seul principe que je m’applique à chaque fois que je me mets derrière mon ordinateur : prendre du plaisir à écrire. Ne pas se forcer. Il faut que ce soit un moment de détente et jamais une obligation. Il y a des périodes où le texte vient tout seul et d’autres où le cerveau agglutine des idées dans un coin. Il faut savoir laisser mûrir les choses et ne pas se précipiter ; à chaque fois que l’on écrit il faut que ce soit un moment intense.

Je cueillerai la vie et je te l’offrirai vient de paraître aux éditions L’Alchimiste, fin août 2022. N’hésitez pas à consulter le site internet de la maison d’édition pour découvrir le travail de Florence Wells !

Propos recueillis par Shad

pour l’équipe des Murmures Littéraires