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Interview de Charlotte Romani

Autrice du roman Comme en été, lauréat des ML en 2021 dans la catégorie Romance

Bonjour madame Romani, j’espère que vous vous portez bien ! Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions ! C’est un plaisir d’échanger avec vous au sujet de votre manuscrit, Comme en été, gagnant de la seconde édition des ML. Artiste multidisciplinaire, vous arpentez l’imaginaire, par le biais de plusieurs sens : la vue avec l’aquarelle (comme celle qui décore l’interview), l’ouïe par vos compositions au piano.

Comment vous est venue l’idée de Comme en été ?

Je pensais régulièrement au bien-être ou au mal-être que procure la sensation de quitter son corps, de sortir de soi ou de son mental… Et dans une vie, qu’est-ce qui nous amène à cela ? Comment dépasser les souffrances de l’existence ? Comment accepter simplement d’être bien avec soi-même ? Pour être bien à deux ensuite ? Je voulais raconter l’histoire d’une jeune femme qui lutte pour se maintenir à flot, hors de l’agitation des vagues de ses propres émotions… hors de ses souvenirs heureux ou malheureux.

Je voulais, quelque part, libérer, transcender quelque chose au fond de moi et confier au monde ma vision sur l’amour, la famille, l’amitié, la musique, la poésie, la mort, la vie… Tout cela à travers une rencontre, un amour sincère et beaucoup de musique !

La conclusion d’une époque de ma vie, en somme.

Vous avez déjà écrit un autre roman, intitulé La Boîte à sentiments. Y a-t-il des thématiques similaires entre vos différents manuscrits ?

Tout à fait ! On y retrouve les mêmes thèmes chers à mon cœur : l’amour, la famille, l’amitié… la solitude aussi et la difficulté de se détacher du passé pour mieux vivre le présent. Néanmoins, mon premier roman est plus « soft ». C’est aussi, selon moi, un roman qui touche un public plus jeune de par ses aspects magiques, fantastiques : la présence matérialisée de La Boîte à Sentiments qui, vous le savez si vous l’avez lu, n’est pas un simple objet. Comme en été est résolument plus adulte.

La Boîte à Sentiments, est une duologie. Serait-ce également le cas de Comme en été ?

Au départ, j’ai conçu La Boîte à Sentiments comme un seul livre. Mais quand le format A4 est devenu un format livre A5, cela faisait beaucoup de pages ! Mon premier éditeur, qui a malheureusement fait faillite en 2013 – annulant du même coup ma petite percée dans le monde de l’édition -, souhaitait qu’on fasse deux tomes. L’idée était objectivement bonne et tout à fait réalisable. J’ai donc accepté.

Toutefois, si un éditeur me proposait de faire la même chose pour Comme en été, ce serait plus compliqué. J’ai conscience que c’est aussi un long roman et que ce n’est pas forcément facile à proposer pour un lectorat qui ne me connaît pas, mais l’histoire repose sur une structure très particulière. Ce ne serait pas cohérent de la couper en deux. La musicalité est également très travaillée et évolue du premier chapitre aux derniers mots. Les chapitres sont constitués sur la gamme de do, il me serait inconcevable de casser cette force.

Vous êtes enseignante de musique et compositrice.

Le rythme, la mélodie, le tempo, ce sont des traits que l’on retrouve dans Comme en été, dont le phrasé et les rythmes sont travaillés avec brio. Cette démarche était-elle consciente lors de l’écriture du manuscrit ?

Complètement. C’est une volonté absolue, aussi dans La Boîte à Sentiments. Je lis toujours à voix haute ce que j’écris et si, à mon sens, à mes oreilles, cela ne sonne pas « bien », pas naturel, je réécris ma phrase. Toujours. C’est aussi pour ça que j’aime écrire des dialogues. Volonté également sur la structure du roman, qui est assez particulière…

L’extrait sélectionné par l’équipe des Murmures Littéraires a été publié dans le livret de la seconde édition.

Cet extrait vous parle-t-il particulièrement ?

Oui, cet extrait me touche beaucoup, car il est autobiographique et il parle d’une souffrance liée à mon enfance : le divorce de mes parents.

Quel message avez-vous souhaité passer dans Comme en été ? Ce message a-t-il une importance particulière pour vous ?

Difficile de répondre à cette question. Je ne crois pas qu’il y ait un seul message. Je pense qu’il y a avant tout, au contact de la lecture, une sensation, une émotion… quelque chose qui s’apparente au bonheur : le fait d’avoir chaud. Mais il ne s’agit pas d’une chaleur étouffante.

Il est question d’une chaleur d’été, avec tout ce qu’elle évoque : les vacances, les rires des enfants, les jours heureux, un bien-être, un réconfort simple et inconditionnel. Je voulais qu’en refermant le livre, on puisse se sentir bien, soupirer d’aise et avoir envie de relire quelques passages… Toutes les épreuves que Camélia traverse ou s’inflige sont, dans le fond, ce qui va lui permettre de renaître.

Avez-vous un autre projet d’écriture de prévu ?

Oui, ce serait un roman de science-fiction, plus exactement une dystopie, dans un monde totalement imaginaire. Mais pour le moment, il reste dans ma tête. Peu importe la manière dont elle s’exprime, chez moi, la créativité fonctionne par phases. Durant ma période « écriture », j’ai peu composé au piano. Là c’est l’inverse : je travaille sur plusieurs disciplines en parallèle. S’est ajoutée l’aquarelle ces deux dernières années. Sur le plan musical, j’ai des choses à achever et je sais que je ne commencerai pas un autre projet d’écriture avant.

Quel est le personnage de Comme en été qui vous a particulièrement bouleversée ?

Camélia. Pour sa sensibilité et son courage, c’est elle qui traverse les épreuves et à qui on s’accroche le plus. On suit la vie de ce personnage, qui est le fil conducteur du texte.

Si vous deviez donner trois mots pour décrire l’atmosphère de Comme en été, lesquels seraient-ils ?

Amour. Poésie. Apaisement.

Votre réplique préférée ?

C’est difficile de choisir juste une réplique ! Toute la discussion entre Mickael et Camélia à la fenêtre est touchante. Ou quand Camélia est avec sa petite sœur et que cette dernière lui demande des explications sur le divorce de leurs parents… Mais si je devais me prêter au jeu, je choisirais la scène en bas de l’immeuble de Camélia, lorsque Gabriel lui fait une belle remarque. C’est au chapitre En Fa, Quatrième Variation :

« Oh là… Toi t’es en train de t’imaginer des trucs. Tu te tricotes un pull pour l’hiver prochain, mais il y a d’autres façons de se tenir chaud. »

Gabriel observe beaucoup Camélia. Il voit à ses réactions comment elle vit les choses et les événements : à l’intérieur, tout est si intense pour elle. En ce sens, il est déjà très proche d’elle. Cette idée de se tricoter un pull comme on se « tricote » des soucis et en même temps cette touche d’humour pour lui dire qu’elle se trompe, sont très représentatives de l’esprit du personnage.

Au vu du titre de votre roman, la saison estivale est-elle particulière pour vous ?

Oui, c’est avec le printemps, la saison que je préfère.

On peut se sentir « tricote » peu importe le lieu ! Le sens du titre c’est d’avoir chaud, de se sentir bien. La douceur est une facilité de l’existence. L’été peut également être extrêmement nostalgique. Tout renaît dans la nature avec une telle facilité…

Camélia, à la fin du livre, se sent comme en été, elle se sent bien.

Les émotions sont parfois doubles.

Gabriel pour moi est le soleil. De ses bras, de son sourire, il l’aide et la réconforte.

Camélia a peur de cela, préfère être dans sa carapace émotionnelle. Gabriel casse tout cela et d’une simplicité déconcertante l’aide.

Avez-vous prévu de mêler vos dons pour la composition ainsi que l’aquarelle pour donner vie à Comme en été ?

Ce serait une idée, en effet. Mais en réalité, l’histoire de Comme en été est déjà derrière moi et je préfère autant me consacrer à terminer les projets actuels puis, par la suite, en commencer de nouveaux. Je serais aussi très honorée que d’autres artistes donnent vie, d’une manière ou d’une autre, à cette histoire. J’ai un rêve secret : voir un jour mes romans adaptés au cinéma.

Une anecdote à raconter concernant votre manuscrit ?

Je savais que j’allais rencontrer l’homme de ma vie lorsque l’écriture de Comme en été serait achevée. Et en effet, non seulement je l’ai rencontré, mais il est venu à moi après avoir lu mon premier roman, La Boîte à Sentiments.

Les mots ont un sens, et sont porteurs de sentiments !

Aquarelle, musique, écriture, poèmes…vous avez été gâtée par les Muses ! Quelle est la place des Arts dans votre vie ?

Primordiale. Vitale. Si je n’ai pas cela, c’est que je suis morte. Je sens que je fais partie de ce monde quand je suis en train d’exercer mon art. C’est une manière pour moi de m’exprimer et d’exister, de diverses manières.

Merci madame Romani pour le temps consacré à ces questions réponses ! Au nom de l’équipe des Murmures Littéraires, je vous souhaite de vous épanouir dans vos projets riches et inspirants, et que, en tout temps, vous puissiez garder la symbolique chaleur et humanité de l’été près de vous !

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Propos recueillis par Heltrym
pour l’équipe des Murmures Littéraires

Illustration : Aquarelle de l’autrice


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