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Interview d’Amandine Grosso

Autrice du Mange Rêve et de Meurtres à Chronopolis

Bonjour Amandine, et merci d’avoir accepté cette interview avec les Murmures Littéraires.
Vous avez écrit Mange Rêve et Meurtres à Chronopolis, deux romans qui distillent des notes de merveilleux dans un univers steampunk haut en couleurs et tout en nuances. Avec ces œuvres, vous avez été doublement lauréate des Murmures Littéraires, d’abord en 2020, puis en 2021.

Voici, pour commencer, une première question : que pouvez-vous nous dire sur vous et vos romans, en quelques mots ?

Sur moi, les mots seront vite trouvés : rêveuse pathologique, pharmacienne le jour, mais écrivaine le reste du temps – écrivaine tortue et un peu trop perfectionniste pour son propre bien. Mes romans sont plus difficiles à décrire. Ils sont le reflet de tout ce que j’aime, un mélange éhonté de genres et d’émotions.

Justement, bien que vos romans mélangent différents genres, ils se rattachent tous deux à l’imaginaire, quelque part entre la science-fiction et la fantasy, et les rêves y occupent une place de choix. Qu’est-ce qui vous a particulièrement attiré dans ces genres, par rapport aux autres genres littéraires ?

Les genres de l’imaginaire sont une merveilleuse porte d’évasion et de liberté. Je suis en outre bien incapable d’écrire sur le monde réel : je me sens étrangère à la société, ce serait trop difficile pour moi d’en décrire les codes avec justesse et profondeur. Je préfère créer à ma sauce pour maîtriser tous les paramètres de mes mondes.

Et le monde exploré dans vos deux romans fourmille de détails ! Pouvez-vous nous parler un peu de sa création ?

Mes intentions et mes inspirations se résument en peu de chose : traquer le beau dans la laideur. Je suis fascinée par les ambiances un peu glauques, je leur trouve une poésie extrême (des ambiances que l’on retrouve dans Le Parfum [Patrick Süskind], par exemple, ou la série Carnival Raw, ou alors dans les Misérables de Victor Hugo). J’essaye de distiller dans mes écrits la même ambiance, et je trouve que c’est un écrin parfait pour y décliner les facettes un peu sombres de mes personnages.

Et si nous parlions de vos personnages ? Ils constituent des éléments marquants de vos romans, par leur psychologie, leurs émotions, leur humanité profonde et parfois même dérangeante !

Tant mieux s’ils dérangent parfois ! Je n’ai pas d’anecdotes particulières concernant mes personnages parce que je ne les prépare pas à l’avance, je n’ai pas de fiches qui précisent leurs principaux traits de caractère, qualités ou défauts… Ils viennent tout seul, au fil des pages. Ils s’invitent dans mes histoires ; ce sont eux qui me manipulent et moi qui subis !

Ils semblent vous mener la vie dure ! Est-ce qu’il y en a un que vous préférez ?

Plus leur moralité est trouble, plus je les aime ! De ce fait, l’antagoniste du Mange Rêve est mon favori. Sinon, j’ai beaucoup aimé écrire Baya, que l’on aperçoit brièvement dans le Mange Rêve et pour laquelle j’ai écrit un spin-off où elle perd la vue et la raison.

Et au-delà de vos personnages, existe-t-il des thématiques qui vous tiennent particulièrement à cœur ? Pensez-vous les aborder dans d’autres romans ?

On retrouve souvent le thème du deuil dans mes écrits, ainsi que l’acceptation de la solitude, et la disparition de notre sens du merveilleux au profit de la raison. Je suis actuellement sur un projet de Science-Fiction un peu plus « engagé » qui parlera de surconsommation, de droit à la maternité, d’introversion.

Avez-vous retiré quelque chose de votre participation aux Murmures Littéraires ?

Les Murmures Littéraires m’ont énormément apporté ! D’un point de vue personnel, déjà, c’est une expérience fantastique. J’ai rencontré des gens adorables, drôles et amoureux des mots par le biais de ce concours.

Un petit mot sur votre processus d’écriture ? Et sur le travail éditorial avec Onyx pour le Mange Rêve ?

Pour en revenir sur mon processus d’écriture, le petit mot qui lui convient le mieux est : lenteur. Je suis un vrai escargot, toujours à peser et à disséquer chaque phrase ! Je me suis récemment rendue compte qu’il aura fallu 10 ans entre les premiers mots du Mange Rêve et sa parution aujourd’hui. Ça m’a mis une petite claque.

Quant au travail éditorial avec Onyx sur le Mange Rêve, il a été top de bout en bout. L’étape de réécriture a débuté par un brainstorming avec mon éditrice référente (nous avons creusé les pistes d’améliorations soumises par le comité de lecture et les Murmures Littéraires). Ensuite, il y a eu les corrections éditoriales et, dans le même temps, la préparation de la couverture ! C’était incroyable de la voir prendre forme sous le pinceau d’Hypoflyse, et ça motivait encore plus pour le travail du texte. Enfin, la mise en page, un immense travail que je ne soupçonnais pas et dont j’ai eu un aperçu grâce à Onyx. Vraiment, c’était génial, je regrette presque que ce soit déjà fini.

Merci beaucoup pour ce partage d’expérience ! Une dernière question, pour conclure cette interview : si vous deviez donner un conseil d’écriture à d’autres auteurs, qu’est-ce que ce serait ?

Je ne suis pas fan de conseils, l’écriture étant un processus infiniment personnel. Mais je dirais juste ça : se faire plaisir et ne jamais se décourager !

Propos recueillis par Thràvalgur
pour l’équipe des Murmures Littéraires


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